Le thé et la Route de la Soie
Le thé conquiert le Moyen-Orient au rythme des caravanes, et ce dès le début de notre ère, lorsque la Route de la Soie relie la Chine à l’Empire romain à travers un réseau complexe de routes terrestres ouvertes dès -2000 avant Jésus Christ par des nomades à cheval, les seuls à oser voyager entre les différentes populations sédentaires.
Le thé fait alors partie des nombreuses denrées précieuses échangées le long de cette route commerciale, avec la soie, la porcelaine, les épices ou encore les métaux et pierres précieuses. Ainsi, on retrouve la trace de ces étranges feuilles séchées au IXe siècle dans les écrits d’un commerçant arabe nommé Süleyman, qui décrit le thé comme « une herbe qui a plus de feuilles que le trèfle, un peu plus de parfum aussi, mais est fort amère. On fait bouillir de l’eau que l’on verse dessus.»
La Route de la Soie / Crédit photo : Envouthé
Comment le thé est-il rentré dans les usages ?
Adopté d’abord par les caravaniers, dont les caravanes de yacks, chameaux et chevaux s’acheminent lentement, le breuvage issu de ces feuilles rentre petit à petit dans les usages des populations locales, de la Perse d’alors jusqu’en Égypte, butant seulement sur le désert du Sahara à l’est. Cela explique pourquoi le thé n’entre dans les habitudes des pays du Maghreb que bien plus tard.
Lorsque l’effondrement de l’Empire moghol au XIVe siècle précipite la fin de la Route de la Soie, supplantée également par les routes maritimes plus rapides, le thé est suffisamment entré dans les usages des populations locales pour qu’elles continuent à se fournir en thé auprès de l’Inde, de la Chine ou encore du Sri-Lanka. Certains pays, comme la Turquie ou l’Iran, cultivent même le thé localement. Aujourd’hui, chaque région a développé ses propres rituels et recettes autour du thé, même si l’on peut identifier des pratiques communes comme l’utilisation du samovar en Iran et en Afghanistan, inventé au XVIIIe siècle dans les usines métallurgiques de l’Oural.
Assemblée de dames autour d’un samovar (Isma’il Jalayir, Iran, XIXe siècle) / Crédit photo : Victoria and Albert Museum
Vous voulez en savoir plus ?
– Le thé en Afghanistan
– Le thé en Iran
– Le thé en Irak
– Le thé en Turquie
– Le thé en Égypte
– La Route de la Soie (sous-titres en français)
Sources :
– Gilles Brochart, “L’heure du thé,” Le livre du thé, Flammarion, Paris 2001
– Maït Foulkes, Jacques Boulay, Délices du thé, Plume, Flammarion, Paris 2001
– Lydia Gautier, Jean-François Mallet, Le Thé, arômes et saveurs du monde, Aubanel, Éditions Minerva, Genève 2005
Pas de commentaire