En mars, Envouthé vous invite à parcourir les rues de Paris et à vous mettre dans la peau d’un “Tea Tea Parisien” le temps d’une infusion. Si l’expression “titi parisien”, devenue un peu désuète aujourd’hui, vous parlera peut-être, savez-vous vraiment ce qu’elle désigne ? Il est l’heure de faire un petit point sur cette figure emblématique de l’imaginaire parisien.
Apparue au XIXe siècle, “Titi parisien” est une expression familière désignant un enfant de Paris. Issu du milieu populaire, le “titi” est déluré, très dégourdi, farceur, et connaît bien entendu Paris comme sa poche. Il a en général un langage bien à lui.
En 1862, Victor Hugo crée un personnage dans Les Misérables qui, sans le savoir, deviendra l’archétype du “titi parisien” : Gavroche. Emblématique avec sa casquette qui aujourd’hui porte son nom, Gavroche a aussi une vulgarité touchante qui rappelle son milieu.
Illustration d’Emile Bayard pour Les Misérables (1886)
Voici la description qu’en fait Victor Hugo dans son roman (Les Misérables, tome 3.) :
“Ce petit être est joyeux. Il ne mange pas tous les jours et il va au spectacle, si bon lui semble, tous les soirs. Il n’a pas de chemise sur le corps, pas de souliers aux pieds, pas de toit sur la tête ; il est comme les mouches du ciel qui n’ont rien de tout cela. Il a de sept à treize ans, vit par bandes, bat le pavé, loge en plein air, porte un vieux pantalon de son père qui lui descend plus bas que les talons, un vieux chapeau de quelque autre père qui lui descend plus bas que les oreilles, une seule bretelle en lisière jaune, court, guette, quête, perd le temps, culotte des pipes, jure comme un damné, hante les cabarets, connaît des voleurs, tutoie des filles, parle argot, chante des chansons obscènes, et n’a rien de mauvais dans le cœur. C’est qu’il a dans l’âme une perle, l’innocence, et les perles ne se dissolvent pas dans la boue. Tant que l’homme est enfant, Dieu veut qu’il soit innocent.
Si l’on demandait à la grande et énorme ville : Qu’est-ce que c’est que cela ? elle répondrait : C’est mon petit.”
Par extension, le “titi parisien” désigne également un adulte issu de la classe populaire parisienne. Au XXe siècle, cette figure se fait parfois féminine avec par exemple Edith Piaff, typiquement jeune fille de Paris qui chantait dans les rues avant d’être connue et d’avoir la carrière qu’on lui connait.
Plus récemment, le film Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet sorti en 2001 peut être vu comme un hommage au “titi parisien” dans le personnage éponyme joué par Audrey Tautou : malicieuse, débrouillarde, parcourant Paris et connaissant la butte Montmartre et le métro parisien comme sa poche. Toute sa personnalité, un peu délurée et surtout très enfantine, est une interprétation d’une vision féminine de la figure du “titi”.
Image du film Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain
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